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Les six conversions de saint Thomas d’Aquin

Le professeur Donald S. Prudlo explore les liens entre l’érudition du grand théologien et sa sainteté.

Cela fait maintenant trois jours que saint Thomas est en visite dans le diocèse. Après le temps de la prière et de la contemplation, celui de l’étude est venu, avec la conférence interdisciplinaire organisée en son honneur par la Luxembourg School of Religion & Society. En conclusion de la première journée, une conférence ouverte au grand public a été confiée au professeur Donald S. Prudlo, chef (Chair, en anglais) du département de philosophie et de religion de l’université de Tulsa (Oklahoma, États-Unis). Son analyse des liens entre l’érudition de saint Thomas et sa sainteté unifie notre vision du grand théologien et le rend plus proche. Le thème choisi peut surprendre : Les conversions de Thomas d’Aquin. Généralement, on entend par conversion un événement radical : la conversion de saint Paul sur le chemin de Damas, la conversion de saint Augustin, celle de saint Charles de Foucauld. Or il est une chose bien connue, c’est le désir de Dieu exprimé par le docteur angélique dès sa toute petite enfance. Pourtant saint Thomas, comme nous, a connu au cours de sa vie des étapes de conversion au cours desquelles il s’est tourné toujours plus vers le Christ, devenant de plus en plus celui que Dieu voulait qu’il devienne. Ces transitions, qui se chevauchent parfois, sont le signe de la coopération humble et patiente de Thomas à l’œuvre de Dieu en lui. Le professeur Prudlo en distingue six.

La première est le passage de la vie bénédictine, à laquelle ses parents l’avaient destiné en l’envoyant au Mont Cassin dès son plus jeune âge, à la vie dominicaine des frères prêcheurs. Il prend l’habit en 1244, à l’âge de dix-neuf ans. Mais sa famille désapprouve, le fait enlever, l’enferme, introduit une prostituée dans sa chambre pour le tenter… Thomas résiste à tout, convertit sa sœur, profite des livres et du silence pour poursuivre ses études et son noviciat. Sa mère finit par le laisser partir. Là se situe sa deuxième conversion, sa rupture avec son monde d’origine, un acte libre d’oblation personnelle. Toute sa vie il aura soin de sa famille, conservant toutes les obligations de ses origines aristocratiques sans en garder aucun avantage. Chevalier de la vérité divine, il ne reculera devant aucun débat, tout en montrant à tous une bonté profonde, particulièrement à ceux qui lui sont inférieurs par le rang ou par l’esprit.

Lier l'amour de la vérité et l'amour des hommes


Troisième étape décisive, l’élève Thomas devient un maître, un enseignant. Étudiant brillant, le jeune homme est envoyé à Paris. Il attire l’attention de saint Albert le Grand dont il devient le secrétaire. En 1252, il enseigne comme Bachelier sententiaire et soutient sa maîtrise en théologie en 1256. Sa sainteté se manifeste dans son humilité, lorsque le Maître de l’Ordre le nomme lecteur conventuel à Orvieto, en Italie, où il enseigne ses frères moins doués. Il met en pratique sa conviction selon laquelle un maître doit lier l’amour de la vérité et l’amour des hommes. Frère Thomas n’oublie jamais de se tourner vers les autres pour participer à leur conversion. Cherchant la meilleure façon d’enseigner la théologie, il perfectionne le raisonnement par les questions, plus pragmatique, et invente une bien meilleure organisation pour le matériel théologique.

Révolutionnaire pour son époque, et très attaqué par certains pour cela, le théologien recourt à Aristote. Comme Thomas parvient-il à convertir, à faire se tourner vers le catholicisme, le philosophe grec mort en 322 avant le Christ ? Il sait qu’Aristote enseigne le bon sens et il estime que nous ne devons jamais renoncer à la vérité, d’où qu’elle vienne. Il se fait ainsi prophète de la sagesse pratique. Certains diront qu’en adoptant Aristote il a fait descendre la théologie des nuages.

Pour le professeur Prudlo, la cinquième conversion de frère Thomas est sa conversion vers l’incarnation elle-même, faisant de lui le premier saint de l’Eucharistie. Le pape Urbain IV lui demande un commentaire de l’Évangile, ce qui donnera naissance à la Chaîne d’or, ouvrage dans lequel il cite largement les Pères de l’Église et qui est encore aujourd’hui une mine pour qui cherche à approfondir sa lecture des Écritures. Cette période de la vie de l’Aquinate est exceptionnellement créative. Il utilise la métaphysique aristotélicienne pour aider à faire comprendre la doctrine de la transsubstantiation. Dans la Somme théologique, il en donne cette définition : « la conversion de toute la substance du pain en toute la substance du corps du Christ, et de toute la substance du vin en toute la substance du sang du Christ » et précise : « Le corps du Christ n'est pas dans ce sacrement comme dans un lieu, mais par mode de substance ». Exceptionnel pour l’époque, Thomas communie tous les jours. Urbain IV lui confie également la composition de l’office de la fête du Saint-Sacrement. Un jour il entend le Seigneur lui dire du tabernacle : « Tu as bien parlé de moi, Thomas. Que veux-tu en récompense ? ». Ce à quoi il répond : « Toi-même, Seigneur ».

Les deux dernières années de la vie de saint Thomas marquent une sixième conversion. L’œuvre ultime du grand dominicain est son Commentaire sur les Psaumes, fruit d’une méditation intense et fondé sur la doctrine des quatre sens : littéral, allégorique, moral et analogique. Peu de temps avant de mourir, il arrête d’écrire, à la suite d’une vision, nous vous en avons déjà parlé.

Tout au long de sa vie, les conversions de Thomas l’ont purifié. Alors que, dans les grandes conversions, les saints sont en quelque sorte les stars de leur propre histoire, saint Thomas est un professeur sans ego, dont la foi et la conformation au Christ n’ont cessé de s’approfondir. Il a tout à nous enseigner aujourd’hui, par la théologie bien sûr, mais aussi par sa vie.

Prière de saint Thomas d’Aquin avant la communion

Dieu tout-puissant et éternel, voici que je m'approche du sacrement de votre fils unique Notre Seigneur Jésus-Christ. Malade, je viens au médecin dont dépend ma vie ; souillé, à la source de la miséricorde ; aveugle, au foyer de la lumière éternelle ; pauvre et dépourvu de tout, au Maître du Ciel et de la terre.

J'implore donc votre immense, votre inépuisable générosité, afin que vous daigniez guérir mes infirmités, laver mes souillures, illuminer mon aveuglement, combler mon indigence, couvrir ma nudité ; et qu'ainsi je puisse recevoir le Pain des Anges, le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs, avec toute la révérence et l'humilité, toute la contrition et la dévotion, toute la pureté et la foi, toute la fermeté de propos et la droiture d'intention que requiert le salut de mon âme.

Donnez-moi, je vous prie, de ne pas recevoir simplement le sacrement du Corps et du Sang du Seigneur, mais bien toute la vertu et l'efficacité du sacrement.

Ô Dieu plein de douceur, donnez-moi de si bien recevoir le Corps de votre Fils Unique, Notre Seigneur Jésus-Christ, ce corps charnel qu'il reçut de la Vierge Marie, que je mérite d'être incorporé à son Corps Mystique et compté parmi ses membres.

Ô Père plein d'amour, accordez-moi que ce Fils Bien-Aimé que je m'apprête à recevoir maintenant sous le voile qui convient à mon état de voyageur, je puisse un jour le contempler à visage découvert et pour l'éternité, Lui, qui, étant Dieu, vit et règne avec vous dans l'unité du Saint-Esprit, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.


Prochains rendez-vous avec saint Thomas :

  • Messe pontificale, vendredi 14 mars à 18 heures au Centre Jean XXIII ;
  • Procession vers l’église Saint-Michel, samedi 15 mars à 14 heures 30 ;
  • Messe solennelle et vénération des reliques, dimanche 16 mars à 11 heures à Saint-Michel ;
  • Vénération des reliques suivie des complies présidées par le cardinal Jean-Claude Hollerich, dimanche 16 mars à 19 heures 15 à Saint-Michel.

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